samedi 20 juin 2015

"La perle et la coquille" de Nadia Hashimi




Résumé :



Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des « bacha posh », qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.


Mon avis :


Kaboul, 2007.

Née dans une famille de filles, Rahima a rarement l'autorisation de sortir de chez elle, même et surtout pas pour aller à l'école et cela selon la loi des Talibans. La vieille coutume des « batcha posh » pourrait lui permettre de s'émanciper en tolérant qu'elle s'habille en garçon et soit traitée comme tel et par sa famille et par la société hypocrite qui veut y voir un arrangement pour faciliter la vie des autres membres de la famille.

Un temps pour elle de goûter à la liberté et à la joie d'apprendre et de s'amuser

Son père sous la dépendance de l'opium, va provoquer son destin et celui de ses sœurs .

Il est dure de naître fille dans un pays où tout est dû aux hommes. La dure loi d'une société patriarcale impitoyable envers celles qui ne se plient pas à ses exigences. La fille n'appartient pas à sa famille mais à celle de son mari, et pour Rahima c'est une vie d'esclave qui l'attend auprès d'un mari, de trois autres femmes et d'une belle-mère sans compassion ni tendresse.

A travers les récits que lui fait sa chère tante Shaima elle découvre que l'une de ses aïeules, Shekiba, avait déjà fait ce choix, d'être un fils pour son père, un siècle plus tôt.

La vie de de ces deux femmes, l'ancêtre et la petite-fille, se rejoignent dans leur combat pour survivre à tout prix, malgré l'adversité et la violence qui les entoure.

J'ai été touché par ce roman, on rentre dans l'intimité des femmes d'un clan, chaque famille est un clan a lui tout seul. Mais les même règles les régissent. Soumission, violences conjugales, chagrin et ignorance. A travers le récit, on comprend que d'autres femmes peuvent être plus heureuses que nos héroïnes mais vivent quand même sous la même domination.

Il ne fait pas bon, non plus d'avoir un handicap ou une disgrâce, qui fait dire que l'intéressé est maudit ou qu'il a mérité son châtiment.

Toute ces choses que nos sociétés ont toutes, plus ou moins connues, mais que l'évolution des mentalités et des mœurs ont adouci : nos révolutions sont passées par là. Mais dans ce pays, tout est encore à faire tout en respectant leurs mentalités. Des femmes cherchent à s'élever contre l'injustice et la corruption, mais malheur à elles, aussitôt elles en paient le prix fort.

J'ai beaucoup aimé l'écriture et le style de Nadia Hashimi, qui nous fait vivre le destin de ses deux héroïnes à travers deux périodes à cent d'intervalle. On y sent leurs doutes, leurs espérances, leurs déceptions, leurs découragements mais aussi leur recherche de l'amour, de l'affection qu'elles ont perdu en quittant leurs parents.

J'ai été très touchée par leur histoire, et je me dis qu'il est bon d'être nées ici et non pas là-bas…. Je leur souhaite de pouvoir se libérer de ces carcans que sont l'hypocrisie et l'ignorance qu'on leur fait subir et que l'espoir ne soit pas un vain mot.


Très beau roman sur deux femmes qui malgré toutes les brimades ont cherché à s'élever et à échapper à leur destin de soumises.



Citation :


Je fus une petite fille, puis je ne le fus plus
Je fus une "bascha posh", puis je ne le fus plus
Je fus la fille de mes parents, puis je ne le fus plus.
Je fus une mère, puis je ne le fus plus
Dès que je m'adaptais à une situation, elle changeait. Je changeais.
Le dernier changement fut le pire.


Merci à  Babelio/Masse critique et aux Editions Milady de m'avoir permis de découvrir ce très beau roman en avant première.






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