lundi 25 janvier 2016

"Le voyage de Monsieur Perrichon" d'Eugène Labiche



Résumé :


1860. Monsieur Perrichon est l'archétype de l'honnête bourgeois : commerçant enrichi, enflé de vanité, de suffisance, d'ambition mondaine et d'une morale quelque peu soumise aux circonstances. Il se retire des affaires et pour l’occasion, emmène sa femme et sa fille Henriette en voyage d’agrément sur le Mont-Blanc. Deux prétendants Daniel et Armand pistent la famille jusqu’au refuge d’altitude. Les Perrichon n’imaginent pas que les deux jeunes hommes donneront à ce séjour une tournure invraisemblable aux rebonds multiples : Armand sauvera du précipice M. Perrichon qui à son tour protégera du danger Daniel, le parfait flatteur et le plus apprécié... Lequel des deux obtiendra la précieuse main d'Henriette ?


Mon avis :


Le 10 septembre 1860, Eugène Labiche donnait au théâtre du Gymnase à Paris la première de sa pièce la plus représentative de la bourgeoisie du Second Empire : Le Voyage de Monsieur Perrichon, une comédie en quatre actes avec, dans le rôle de Monsieur Perrichon, un célèbre comédien de l'époque : Geoffroy (1813-1883).

La pièce connut un accueil triomphal et valut à Labiche le surnom de « roi du Vaudeville ». Le succès de cette pièce ne se démentira jamais. Elle entra ainsi au répertoire de La Comédie française en 1906. »


Dans le cadre du challenge 19ème siècle, je viens de découvrir cette petite œuvre du théâtre comique français en quatre actes qui date de 1860. C'est aussi la première pièce connue qui soit consacrée au tourisme, aux chemins de fer et à la montagne.

La famille Perrichon se rend à Chamonix. Le père est un bourgeois, sa fille est courtisée par deux rivaux amicaux. C'est une classique comédie amoureuse qui a pour toile de fond les voyages, les aventures à la gare et le tourisme en montagne.

Comédie de mœurs, aux situations cocasses et absurdes, elle met en évidence la peinture psychologique de Mr Perrichon : il se prend d'affection pour celui qui lui rend service et de haine pour celui qui lui sauve la vie : d'où la maxime en fin de pièce « Un imbécile est incapable de supporter longtemps cette charge écrasante qu'on appelle la reconnaissance ».

Je peux dire que je viens de passer un charmant moment en leur compagnie et que la leçon sera bien apprise par Monsieur Perrichon, qui sait reconnaître ses torts.

samedi 23 janvier 2016

"Nuage" de Christian Peultier (BD)








tome 1 – le don de la nature 
 tome 2 – Le bois sacré


L'histoire s'ouvre avec la naissance de Nuage, une fillette étrangement blanche et rousse pour la tribu africaine dans laquelle elle voit le jour. Une mère noire ne peut donner vit à une telle enfant pour le sorcier du village qui y voit un acte démoniaque. Toutes deux sont chassées et migrent en ville. Jeune fille, Nuage n'a pas d'amis, elle ne va pas à l'école et les autres enfants se moquent d'elle à cause de sa différence de peau. Son seul complice est le sorcier voisin. Sa mère n'aime pas cette fréquentation d'autant qu'elle ne sait pas ce que ce vieux fou peut bien lui apprendre. Au cours d'un voyage, elle se rend compte que sa fille possède un don exceptionnel : elle parle aux animaux.

Mon avis :

Que voilà une jolie Bd, tendre et poétique sur laquelle on a vraiment envie de s'attarder tellement les couleurs sont chaudes, les dessins pastel.

J'ai pris beaucoup de plaisir à flâner dans l'Afrique de Nuage : petite fille blanche née d'un couple noir et qui se fait rejeter par la population car les sorciers considèrent que c'est une malédiction.

Mais voilà, Nuage à un don, elle parle aux animaux et amène la paix entre eux et les hommes.

Joli conte sur la différence.

L'ouvrage en lui même est très beau. Le papier de qualité est épais et grenu comme une belle feuille de dessin.

Certaines cases m'ont fait penser à un carnet de voyage. On a vraiment l'impression de voyager avec Nuage.
Je dois dire que ce fut un joli coup de cœur pour les deux tomes.







"Neverwhere" de Neil Gaiman



Résumé :

Nous découvrons Richard Mayhew dans sa vie dans le Londres d’en Haut. Sa rencontre avec Porte, va chambouler sa vie. La jeune femme vient du Londres d’en Bas . Soudainement, il va alors devenir invisible, sa vie va être effacée, tout ça, car il a aidé une inconnue. Il ne lui reste plus qu’une solution : retrouver Porte dans l’espoir qu’elle sache comment lui rendre sa vie. Avec eux, Le Marquis de Carabas, qui aide la jeune femme, et Chasseur garde du corps.Porte est en effet poursuivi par deux hommes, deux tueurs de sang-froid : M. Croup et M. Vandemar.

Mon avis :

1ère lecture en 2010


Je ne suis pas une spécialiste du fantastique, je lis souvent à l'instinct et là j'ai adoré.
Tout démarre dans un monde normal, avec des gens normaux, et l'instant d'après on a l'impression d'être dans un monde entre réalité et rêves. Justement l'assemblage de toutes ces scènes qui paraissent se suivre sans lien, c'est tout juste comme un rêve, pas forcément toujours réjouissant pour les héros mais ils s'en sortent et c'est là l'essentiel.
C'est ce que j'ai apprécié. J'aime beaucoup ce genre d'écriture un peu décalée qui nous mène dans un monde qui justement à ces propres codes.
L'histoire est classique, c'est l'environnement et les descriptions qui le sont moins et qui m'ont attirés. Comme cette sorte de cour des miracles ou plutôt cour des brigands très hétéroclite :
je vous cite un passage qui m'a bien fait rire : "Tout le monde achetait. Tout le monde vendait. Richard écouta les cris du marché en commençant à déambuler dans la foule.
_ Ils sont beaux, ils sont frais, mes rêves. Cauchemars, cauchemars, première qualité ! Venez acheter mes beaux cauchemars.
_ Aux armes ! Armez-vous ! Défendez votre cave, votre caverne ou votre terrier ! Vous voulez leur taper dessus ? On a ce qu’il faut. Allez, ma belle, approchez, venez par ici…
_ Cochonneries ! Beugla une vieille obèse dans l’oreille de Richard quand il passa devant son étal malodorant. Détritus ! poursuivit-elle. Ordures ! Déchets ! Fange ! Immondices ! Servez-vous ! Tout est cassé et abîmé ! Saloperies, saletés et vieux tas de merde. Allez, allez, faites-vous plaisir.
Un homme en armure battait un petit tambour, chantait en même temps :
_ Objets perdus ! Approchez, approchez ! Voyez vous-mêmes. Objets perdus. Rien de trouvé ici, tout est garanti perdu. " Les personnages secondaires sont attachants même Mr Croup et Mr Vandemar, les deux vilains de services, qui l'un avec son langage châtié et l'autre qui ne pense qu'à manger, m'ont bien amusée. Et pourtant ce ne sont pas des tendres.
Donc je dirais que pour moi ce fut un coup de cœur. Je n'avais jamais lu de Neil Gaiman et si je peux je recommencerai 

2ème lecture : janvier 2016  lors de la lecture commune imaginaire sur Babelio
Que dire de plus que lors de ma première découverte de Neverwhere, et bien ma fois que l'ai lu avec plus d'attention. J'ai toujours autant apprécié l'aventure, la découverte de Richard avec le monde d'en Bas, l'enchaînement des événements, l'action, les personnages, mais aussi je me suis aperçue que Neil Gaiman, nous apportait une petite touche historique sur Londres, telle la Muraille de Londres construite sur les ordres de l'empereur romain Constantin, et dont il reste encore des vestiges de nos jours…. Ainsi que l'application bien définie aux noms des différentes stations du métro londonien. (Blackfriars : les moines noirs etc..), c'est carrément la ville en elle-même qui occupe une place centrale dans le livre, bien plus qu'un personnage à part entière. L'humour est discret mais bien présent, essentiellement lié au caractère empoté de Richard...enfin au Richard du début.. L'écriture de Neil Gaiman est dynamique, elle a du rythme, autant dans le langage soutenu du Marquis de Carabas, que dans celui plus populaire de Old Bailey ainsi que dans la narration des événements. La plupart des personnages sont attachant, même nos deux compères (vous savez de qui je parle, n'est-ce-pas???), le peuple des Parle-aux-rats, le peuple des égouts, ils ont tous leur rôles à jouer dans ce monde en négatif du nôtre. Car finalement nous sommes transposés de l'autre côté en négatif du miroir de notre monde. Le récit se termine en beauté, même si le dénouement m'a laissé un peu triste car nous vivons dans le monde de Richard au début du livre. Vous l'aurez deviné, j'ai toujours autant aimé...

A propos de ce livre :


- Prix Julia Verla
nger 1999.


mardi 19 janvier 2016

"Porteurs d'âmes" de Pierre Bordage




Résumé :


Léonie, achetée enfant au Liberia, séquestrée, prostituée, s'enfuit à vingt ans de son enfer pour se retrouver clandestine et sans papiers dans les rues de Paris. Edmé, inspecteur désenchanté à la Crim', déprimé par les violences, la misère et le cynisme qu'il côtoie chaque jour, découvre un étrange charnier dans la Marne. Cyrian, fils de famille en mal de raisons de vivre, se prête à un voyage expérimental d'un genre nouveau, pour trouver le frisson de l'extrême : le transfert de l'âme dans un corps d'emprunt. Leur point commun ? Tous trois sont porteurs d'âmes, comme tous les êtres humains.

Mais parfois les âmes ne sont pas où elles devraient être...

Polar, roman d'amour et anticipation... Pierre Bordage joue ici de tous les genres pour mieux évoquer la rencontre des âmes.


Biographie de Pierre Bordage :


Né en 1955 en Vendée, Pierre Bordage est l'auteur de plus de trente romans et recueils distingués par de nombreux prix (Grand Prix de l'Imaginaire, Prix Paul Féval de littérature populaire, Prix Tour Eiffel...). Écrivain visionnaire et conteur hors pair, l'imaginaire trempé dans les mythologies, il est un des grands romanciers français contemporains. Il a publié au Diable Vauvert la magnifique trilogie des « Prophéties ».


Mon avis :


Edmé, caricature de flic sur le retour, n’a plus goût à rien.

Cyrian est un gosse de riche à qui rien ne semble manquer

Léonie, vingt ans, est libérienne. Elle s’est enfuie du pavillon de sa tante qui la livrait à la prostitution depuis douze ans.

Entre ces trois personnages que tout sépare, une étrange machine : le translateur. L’invention va attiser bien des convoitises et provoquer nombre de morts.

L'histoire, mélange de polar, d'anticipation et de prise de conscience de l'autre, est un livre qui nous livre toute la noirceur de notre société, qui personnellement bien que connaissant la nature humaine, m'a laissé très mal à l'aise au début. (par les scènes de maltraitance, les dialogues et les situations crus) Mais bon je suppose que c'est le jeu de l'auteur, nous mettre dans l'ambiance malsaine des rapports humains, la haine, la lubricité, la maltraitance, le mépris de l'autre, pour mieux faire ressortir en fin de compte l'empathie, la compassion, la meilleure connaissance de soi, et bien sûr l'amour qui émerge de tout cet imbroglio.

Un livre dans lequel j'ai eu du mal à rentrer mais qui m'a pris dans ses filets. Je me suis laissée entraîner, je ne l'ai plus lâché et me suis attachée aux trois héros que l'on suit en parallèle au fil de chaque chapitre.

L'action est là, très présente en alternance avec des questionnements sur la nature humaine, sur notre société capitaliste qui ne s'occupe plus de l'humain mais plutôt de ce qu'il peut rapporter de profits. C'est aussi une toile de fond qui fait ressortir la vie au quotidien des sans-abris, de tout ce monde invisible qui nous entoure.
Edmé, comme Léonie, comme Cyrian, cherche, plus ou moins activement, à donner du sens, de la substance, de la vie à leur existence, jusque-là passive. Cette recherche va révéler leur âme, leur personnalité profonde et les valeurs qui les animent.

En somme un livre que j'ai beaucoup aimé, l'anticipation est peu présente finalement sauf à la fin mais est le révélateur et l'accélérateur de la compréhension de nos trois héros avec leur questionnement, leur force et leur faiblesse qui les révélera à eux mêmes.

Mon premier Bordage qui me donne un aperçu de son écriture et de ses valeurs, qu'il cherche à mettre en évidence parfois d'une manière un peu impromptue en plein milieu d'un chapitre, ce qui est un peu dommageable lorsque qu'on est en pleine action. Je ne peux pas dire que tout m'ait plu dans le livre mais je me suis laissée emportée par les vies parallèles de nos héros et leurs aventures.
Citation :

« Les êtres humains vivaient tous sur la même terre, mais chacun se figurait que l'univers se résumait à ses seules perceptions, à son seul moi. De là sans doute la plupart des malentendus humains. Si les croyances et les certitudes dépendaient de la façon dont les sens appréhendaient le monde extérieur, comment se mettre à la place de l'autre ? » (p.316) 




dimanche 10 janvier 2016

« Le voyage extraordinaire » de Filippi et Camboni






Résumé du tome 1 :


Grande-Bretagne, 1927. Noémie et Émilien ne sont pas des enfants comme les autres : cousins issus d’une riche famille, ils ont passé leur enfance dans un pensionnat sans presque jamais voir leurs parents ! Enfants géniaux, ils se sont finalement habitués à cette vie indépendante, loin du fracas de la guerre, et se sont créé leur monde à eux.Lorsque les parents baroudeurs de Noémie sont de retour et envoient leurs domestiques les chercher pour qu’on les ramène vivre dans l’immense manoir familial, leur sentiment est partagé…Mais le lieu est magique, avec ses pièces remplies des inventions du père d’Émilien et ses mille endroits à explorer. Ils décident donc de tester cette nouvelle vie, d’autant qu’un mystère reste à élucider : où est donc passé Alexander, le père d’Émilien ? Sa disparition soudaine pourrait-elle avoir un lien avec la machine qu’il était en train de créer pour le concours Jules Verne ?

Bienvenue dans ce monde uchronique où une étrange troisième force, constituée d’incroyables robots, vient bouleverser les rapports de force entre l’Axe et les Alliés… Un monde où deux enfants brillants et intrépides vont vivre une aventure hors du commun, une aventure extraordinaire !

Mon avis :

1927, la 1ère guerre mondiale ravage encore l’Europe.

Tandis que d'étranges robots, représentants d'un mystérieux "3ème axe", sèment le trouble sur les champs de bataille, les cousins Noémie et Émilien qui s'entendent comme larrons en foire, coulent des jours paisibles dans le pensionnat anglais où ils ont passé presque toute leur enfance. Jusqu'au jour où, sans prévenir les parents de Noémie rentrent au manoir familial et les font chercher. Le père d’Émilien a disparu alors qu'il travaillait sur un prototype à présenter au concours Jules Verne. Son assistante Amélia, son associé Térence et l'homme à tout faire de ce dernier, Winfrey, vont s'unir pour aider les adolescents à remettre le projet à flot pour tenter de retrouver l'inventeur…

J'ai adoré la bouille des protagonistes, le graphisme est très agréable et représentent bien l'univers steampunk de l'histoire. L'univers du 20ème siècle est bien assimilé au steampunk je trouve. Il y a une bonne dose d'humour et nos jeunes héros sont bien dégourdis pour leur âge, des petits génies en herbe. Chouette BD qui peut aussi bien intéressée les jeunes que les moins jeunes.